Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/119

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liberté d’association, la liberté de la presse, — tout cela sans limite et sans restriction, — avait été désavoué, condamné par le pape, pour cause de révolte.

Lacordaire, Montalembert et de Coux, qui se nommaient eux-mêmes « les trois maîtres d’école », avaient été obligés de fermer, en 1831, une école gratuite d’externes par eux ouverte sans autorisation.

Ils n’avaient pourtant pas suivi Lamennais dans sa lutte avec le Saint-Siège. Lamennais, non soumis à la décision papale, cherchait un point d’appui dans le peuple, et substituait l’autorité démocratique à l’autorité ecclésiastique d’une Église qu’il jugeait au-dessous de sa mission.

Alors il publia les Paroles d’un croyant, ouvrage qui était, selon La Fayette, « l’Apocalypse de 89 », et, selon d’autres adversaires, « l’Apocalypse du démon ». Ce livre jetait l’omnipotence politique et religieuse aux pieds de la démocratie.

Trente mille exemplaires s’enlevèrent en moins de trois jours. Les passions furent allumées. Quelques gens dirent de ce livre : « C’est Babeuf prêché par Isaïe » ; — « C’est 89 qui fait ses Pâques » ; — « C’est un club sous un clocher ».

Cette dernière expression avait été employée par Lamennais lui-même, pour caractériser le Saint-Simonisme.