Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/40

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Frédéric Soulié, encore tout enivré du triomphe qu’il avait obtenu en 1828 avec sa tragédie de Roméo et Juliette, imitée de Shakespeare, fit représenter à l’Odéon, un an après, Christine à Fontainebleau, qui tomba complètement.

Alexandre Dumas, sur la demande d’Harel, directeur de ce théâtre, porta sa Christine de Suède de la rive droite sur la rive gauche, non sans hésitation et procès, parce qu’il ne voulait pas être désagréable à son co-lutteur Frédéric Soulié.

Celui-ci, faisant taire l’intérêt devant l’amitié, lui écrivit alors :

« Ramasse les morceaux de ma Christine, fais balayer le théâtre, prends-les, je te les donne. Tout à toi. »

Et il demanda cinquante places de parterre pour ses scieurs de long, — car le romantique Frédéric Soulié dirigeait une scierie mécanique près du pont d’Austerlitz. Les scieurs de long applaudirent vigoureusement l’œuvre d’Alexandre Dumas, dans le lieu où celle de leur patron avait été sifflée. L’œuvre nouvelle était intitulée Stockholm, Fontainebleau et Rome, trilogie dramatique sur la vie de Christine. Elle contient des beautés, noyées dans trop de longueurs.

Le surlendemain, Lamartine, le poète des Méditations et des Harmonies, prononçait son discours de réception à l’Académie française.