Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les critiques piquèrent au vif Alexandre Dumas, dont le Théâtre-Français avait reçu une Christine de Suède ; et il se promit de ne plus commettre de marivaudages.

Son Henri III avait cependant obtenu un tel succès que l’alarme était au camp des soutiens de la tradition, — Arnault père, Étienne, Jouy, Delrieu, Viennet et tutti quanti.

Ces messieurs rédigèrent une Supplique au roi Charles X, qu’ils prièrent de maintenir le théâtre dans son antique dignité, d’éloigner par sa toute-puissance la tempête romantique, de repousser au delà des frontières les conceptions anglaises ou allemandes, la barbarie de Shakespeare et la rêverie de Goethe, de faire respecter les lois d’Aristote et les ordonnances de Boileau.

« Que voulez-vous que j’y fasse ? avait répondu Charles X. Je n’ai comme vous qu’une place au parterre. »

Cette phrase spirituelle nous charma ; la guerre littéraire suivit son cours.

Soit au cénacle de Victor Hugo, formé depuis peu, soit dans les rangs des irréguliers de la nouvelle École, on se prêta assistance, on se serra les coudes pour marcher au feu. La camaraderie s’établit parmi les nouveaux contre la camaraderie des anciens. Jugez-en par ces exemples.