Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/228

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homme; c’est dans nos cœurs qu’il prend les titres de sa puissance.

11 ne manquait plus au génie qu’un art ingénieux qui pût conserver et transmettre à tous les âges ce dépôt de son autorité , réiléchir dans le même instant les rayons de sa lumière devant toutes les âmes qui existent avec lui, et marquer d’une couleur durable la trace immense de son vol vers la vérité. Cet art est né : et l’empire du génie sur les esprits est éternel.

Quand on jette sur l’univers un coup d’ocii superficiel, on n’appercoit d’abord que les conquérans, les rois et les ministres du pouvoir: mais si on laisse à la raison éblouie le temps de distinguer les objets; si l’on remonte, à travers le mouvement de l’esjjèce humaine, jusqu’aux ressorts qui en sont le principe : bientôt l’on conçoit que chaque siècle emprunte sa force et son caractère d’un petit nombre d’hommes qu’on peut appeler les maîtres du genre luunain, et qui n’ont que le génie et la pensée pour le gouverner.

Homère créa peut-être , ou du moins développa le génie des Grecs. Au nom de ce peuple, les idées de patrie, de gl(jire, de beaux-arts s’éveillent et se pressent en foule dans nos esprits. C’est Homère qui le ht naître parmi ses compatriotes ; c’est lui qui , en célébrant leurs victoires sur les Troyens , traça poiu* des siècles une ligne de séparation entre la Grèce et l’Asie : l’une se crut destinée, dans l’ordre éternel des choses, à