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voilà un capitan impie. Les princesses de Corneille mt' paraissent quelquefois avoir, pour la vie, un mépris féroce et peu intéressant. Iphigénie dit na- turellement :
Peut-être assez d'honneurs environnaient ma vie Pour ne pas souhaiter qu'elle nie fût ravie, Ni qu'en me l'arrachant , un sévère destin , Si près de ma naissance en eût marqué la fin.
Encore plusieurs gens de goût ont-ils blâmé Racine de n'a\oir pas doimé à cette jeune pfin- cesse une plus grande frayeur de la mort. Amé- naïde avoue aussi un sentiment semblable:
Je ne me vante point du fastueux efTort
De voir, sans n) 'alarmer, les appr«"ts de ma mort :
Je regrette la vie ; elle doit m'ètre chère.
Puisque les hommes du pi us^ grand courage ne doivent mépriser la vie que lorsqu'ils ne peuvent la conserver qu'en trahissant leurs devoirs; à plus forte raison , de jeunes princesses innocentes ne doivent point la quitter sans regret, quoique prêtes à la sacrifier, si leur devoir l'exige.
Mais , s'il est vrai qu'il n'y a point de grandes ac- tions dont l'humanité ne soit capable, il est impos- sible que toutes les vertus se réunissent sur un seul être. Les poètes tragiques ont su éviter ce défaut, dans lequel sont tombés plusieurs roman- ciers exccllens. Ceux-ci ont d'avance affaibli l'in- térêt qu'il font naître dans la suite: c'est ce qu'a fait l'auteur de Grandisson , en prenant soin d'ac-
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