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des députés des districts, elles se trouvèrent n’être remplies que de vieilles hardes et d’ustensiles brisés. Le cri de la rage se fit entendre de toutes parts; et l’emportement du peuple mit dès-lors en danger la vie du magistrat. Les soupçons s’é- tendirent jusques sur tous les membres du co- mité permanent. Dès-lors il fut dangereux pour M. de Flesselles de sortir de l’hotel-de-viile : il y coucha, et reparut le lendemain avec un visage plus défiguré que ceux qui avaient veillé toute la nuit, pour donner les ordres qu’exigeaient la dé- fense commune.

Le lendemain, chaque instant produisit des scènes qui redoublèrent son péril. C’était la nou- velle d’une insurrection de hussards dans le fau- bourg Saint-Antoine ; c’était l’ennemi qui avait pénétré dans celui de Saint-Denis; et les soupçons du peuple s’accroissaient de toutes ces craintes. Au milieu de ces désordres, se présentent, plus morts que vifs, le prieur et le procureur des Chartreux, tous deux demandant qu’on révoque l’ordre de visiter leur couvent pour y prendre des armes qui n’y sont pas, et redoublant ainsi l’em- barras du prévôt des marchands. Des officiers viennent offrir leurs services ; et leurs réponses rendent suspects quelques-uns d’eux, qu’avait ac- cueillis M. de Flesselles. Un citoyen vient offrir cent mille livres, et demande la permission de le- ver six mille hommes. Le magistrat l’enîbrasse et lui présente une épée. On s’écrie que cet homme