Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/456

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augmenté encore, comme on le verra, par la perte d’une couronne.

La reine dissimula son ressentiment. Surveillée par un vieil officier français, elle attendait de ses disgrâces le retour de la faveur du peuple napolitain, étonné d’une jalousie française. La cour revint la première ; les seigneurs qui, depuis la chute de Pandolphe, s’étaient flattés d’obtenir les premières places, s’indignèrent de les voir toutes accordés à la nation du prince. Ils s’aperçurent que Jeanne était captive, et trop étroitement gardée : on le fît remarquer au peuple.

En ce moment, Jules-César de Capoue, qui croyait sans doute avoir de grands droits à la reconnaissance du prince, et mécontent de se voir oublié, forme contre le roi une conspiration que son imprudence confie à la reine. Il espérait que Jeanne lui pardonnerait, en faveur d’une conjuration formée contre son mari, la confidence faite autrefois contre son honneur à ce mari même. Mais la reine accordant l’intérêt de son ressentiment avec celui de sa délivrance, obtient sa liberté, en immolant César et son secret, et en avertissant le roi d’un attentat dont elle sut lui ménager une preuve incontestable.

Le criminel est puni, et la reine libre un moment se hâte de paraître en public ; le peuple la revoit avec joie ; on craint une détention nouvelle; on s’empare de sa personne; et tandis que la multitude demande à grands cris la liberté de