Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/203

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DE CHAMFORT. iqq

au son de trompe , qu'on ne reconnaissait plus de pape. Le pontificat en fut quitte pour séduire un certain noinl^re de magistrats et de théologiens, ou pour gagner une des deux factions. Suivant qu'une de ces factions était faible ou triomphante, on prêchait ou on désavouait la doctrine del'assas- sinat des fois. La Sorbonne fournissait à tout. C'é- tait de son sein qu'était sorti le docteur Jean Pe- tit, cordelier, grand apôtre de cette doctrine, et le docteur Gerson , qui obtint la condamnation de Petit, et dix ans après fit exhumer son cadavre. On sait qu'elle fut un des premiers corps, qui, après la mort de Charles vi, reconnut pour roi de France le roi d'Angleterre Henri iv.

C'est dans l'ouvrage même qu'il faut lire l'his- toire de Jeanne d'Arc, et particulièrement le dé- tail de son procès. L'indignation qu'excitent ses ennemis et ses juges laïcs , tant étrangers que français, n'approche pas de l'horreur qu'inspire la basse et perfide férocité des prêtres, et surtout des docteurs de Sorbonne. Il faut entendre M. du Yernet lui-même. — « J^e bûcher de Jeanne, dit-il , n'était pas encore éteint, que plusieurs juges laïcs désavouèrent cet attentat. « Nous sommes «tous perdus et déshonorés d'avoir brûlé une «femme innocente, s'écria l'im des assesseurs du «bailli de Rouen.» Le bourreau lui-même court se jeter aux pieds d'un coufesseur. Il demande par- don à dieu, en versant un torrent de larmes. Pendant ce temps , la Sorbonne rendait grâce

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