Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/244

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la vertu. li'aiTaire ne traina pas en longueiHl^ mais il fallait au duc de Fronsac quelque chose qui le dédommageât de cette facilité, qui rendît l'aven- ture piquante. Il imagina de choisir, pour le rendez-vous donné à madame Renaud ( c'est le nom de cette femme), la même nuit obtenue avec tant de peine , et qui devait appartenir à madame IMichelin; nuit dont l'espérance avoit été achetée par des remords terribles, que redoublait l'idée, effrayante pour une bourgeoise dévote , d'assou- pir une servante avec de l'opiinn. Qu'on juge de sa surprise, lorsqu'avant deux heures du matin , le duc de Fronsac , trompant sa maîtresse par une fable, par lui récif* romanesque, sort de chez elle j et est supposé sortir de la maison. Il monte chez madame Renaud, et reste chez celle-ci jus- qu'à neuf heures du matin.

-Mais, s'if aimait les scènes piquantes, il eut tout sujet d'être content. Voilà madame Michelin qui, probablement poiu' distraire sa douleur, ou pour échapper un moment à ses rvinords , vient voir son amie. C'est le duc de Fronsac qui s'offre à sa vue. Elle ne revient pas de son étoimement: au- cune des deux femmes n'est confidente de l'autre. Madame Renaud redoutait sa dévote amie, qu'elle croyait inabordable. La dé\ ote a peine à se croire trompée , loin de se croire trahie; pour trahie, elle ne l'était pas encore, puisqueM. de Fronsac n'avait rien dit à madame Renaud. ]Mais il n'était pas homme à se pri\er du surcroît d'agrément que

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