Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/274

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réponses , qui , sans être précisément un refus ou une ofïense , laissent de longs souvenirs à la vanité mécontente. Il est probable qu'il s'en repentit, et que , s'il eût prévu la mort de cette jeune Alexandrine , il se fût épargné , par une réponse plus obligeante , les désagrémens que lui attira sa réplique.

Par malheur , ces petites tracasseries décidaient quelquefois du sort d'une campagne et de la des- tinée de l'état. Elles pensèrent , comme on verra, faire échouer l'entreprise sur Minorque , et occa- sionnèrent probablement les délais mis dans le renvoi du courrier dépéché à Versailles , après l'affaire de Closter-Sevcn , délais qui rendirent inutiles à la France une avantageuse capitulation. Il est affligeant de songer que toutes ces petites intrigues soient une portion essentielle de l'his- toire. Quant à M. de Richelieu , il croyait que c'était l'histoire toute entière , et pensait qu'elle ne pouvait être écrite que par des hommes initiés aux mystères du gouvernement : ministres , géné- raux , courtisans. A la vérité , elle peut , selon lui, èire rédigée par un historien que choisi- rait le roi ; « car pourquoi ( ce sont ses termes ) laisser à tout le monde le droit d'écrire l'histoire ? » IVI. de Richelieu avait ses raisons de préférer les historiographes aux historiens. Cependant on peut voir , par la manière dont il est traité dans les Mémoires de Duclos, que personnellement il n'a- vait pas plus à gagner avecles uns qu'avec lesautres.

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