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îait avant tout, comme tout ministre, vivre et mourir en place, ensuite faire le bien s'il l'avait pu sans déplaire. Il n'est pas moins évident que Louis XIV demandait à Colbert trois choses : sou- plesse y argent, silence ; et que ses bontés étaient à ce prix; enfin, que l'égoïsme le plus complet, armé du despotisme le plus absolu, c'est Louis xiv et son règne. Il est certainement, de tous les rois, celui qui a tenu plus immédiatement rassemblés sous sa main tous les ressorts de sa puissance , et a le plus déterminé leurs mouvemens au profit de ses jouissances personnelles, de ses passions , de son orgueil et de ses préjugés.
Après ces détails , dont la plupart n'étaient pas ignorés de Voltaire , ou qu'il était à portée de savoir aussitôt qu'il aurait voulu , on a quelque peine à concevoir comment il a pu composer son Siècle de Louis xiv dans un esprit et sur des prin- cipes si peu favorables aux vrais intérêts de l'hu- manité. Le grand nom de Louis xiv avait-il , malgré le malheur de ses dernières années, sub- jugué l'imagination naissante du jeune poète ? et cette illusion se prolongea-t-elle jusque dans l'âge de sa maturité? H est plus probable qu'ayant déclaré la guerre au fanatisme religieux , il crul avoir en lui un adversaire assez redoutable , et vit trop de danger à combattre en même temps le despotisme politique. Peut-être pensa-t-il aussi qu'en traitant dramatiquement le personnage de Louis XIV , et faisant de lui , comme d'un héros
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