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ŒUVRES

les louanges du dieu. Ce divertissement passager devint un usage annuel , puis sacrifice public , ensuite cérémonie universelle, enfin spectacle public profane : car , comme tout était sacré dans l’antiquité payenne , les jeux et lesamusemens se tournèrent en fêtes, et les temples à leur tour se métamorphosèrent en théâtres; mais cela n’arriva que par degrés.

Les Grecs venant à se polir, transportèrent dans leurs villes une fête née du loisir de la campagne. Les poètes les plus distingués se firent gloire de composer des hynuies religieuses en Thonneur de Bacchus, et d’y ajouter tout ce que la musique et la danse pouvaient y répandre d’agrémens. Ce fut une occasion de disputer le prix de la poésie; et ce prix, au moins à la campagne, était un bouc, ou une outre de vin, par allusion au nom de l’hymne bachique, appelée depuis long-temps tragédie, c’est-à-dire, chanson du bouc ou des vendanges. Ce ne fut, en effet, rien autre chose durant un long espace d’années.

On perfectionna de plus en plus le même genre; mais on ne le changea pas. Il fit, entre autres, la réputation de plus de quinze ou seize poètes, presque tous successeurs les uns des autres.

On voit assez que, ni dans ces hymnes, ni dans les chœurs qui les chantaient, ou ne trouve aucune trace de la véritable tragédie, à en pénétrer l’idée plutôt que le nom. On peut toutefois conjecturer avec fondement que ces poésies devinrent