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DK CHAMFORT. 7 I

Le grand secret est d'exciter d'abord beaucoup de curiosité :

Inventez des ressorts qui puissent m'attaclier. '

Toute scène qui ne donne pas envie de voir les autres , ne vaut rien.

Si le sujet est grand , est connu , comme la Mort de Pompée , le poète peut tout d'un coup entrer en matière ; les spectateurs sont au fait de l'action commencée , dès les premiers vers , sans obscu- rité : mais si les héros de la pièce sont tous. nou- veaux pour les spectateurs, il faut faire connaître, dès les premiers vers, leurs différens intérêts, etc.

L'oubli le plus léger suffit pour détruire toute illusion. Une petite circonstance omise ou mal présentée décèle la maladresse du poète et affai- blit l'intérêt. Il faut expliquer tout ce qui le demande, et rien au-delà.

Corneille prétend que le poète est dispensé de motiver , dans l'exposition , l'arrivée des acteurs ; c'est une licence qui peut quelquefois être prise , mais il semble qu'il est mieux de s'en passer. L'acte est froid quand l'exposition n'est pas amenée par un incident important ; il est même à souhaiter qu'elle en soit suivie.

La manière la plus commune, et par conséquent la plus défectueuse, d'amener une exposition, c'est de faire faire à un acteur , par un autre , tous les récits dont il a besoin , tantôt dans le dessein

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