Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/80

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^a • OEUVRES

d'instruire un personnage qui n'est pas au fait , tantôt en lui rappelant ce qu'il peut avoir oublié , quelquefois même en lui disant (ju'il s'en souvient, comme si c'était une i-aison de le lui redire. De là, deux défauts : celui de la ressemblance et celui de la langueur. Le spectateur est tellement habitué à cet usage, (ju'il n'est qu'auditeur dans le com- menceuieut. li ne coniplc pas cpiil soit encore temps d'étî e ému. Les règles veulent qu'il attende ; cl il abandonne le premier acte , quelquefois davantage, aux b(\soins du poète, dans l'espérance qu il lui uiénage par là dc^ grandes émotions.

On doit tâcher de mettre tout en action jusqu'à l'exposilion. On en impose au s|ieclaleur, qui se trou\e d'abord dans rillusion. Il n'aperçoit pas le poète sous les personnaj^es ; l'art des préparatifs disparaît.

Il est clifîjcile , en effet , de croire que les dis- cours de deux personnages passionnés aient d'autre objet que de développer leurs sentimens ; et , à la faveur de cette émotion , le poète instruit adroi- tement les spectateurs de tout ce qu'il a intérêt qu'on sache.

Si le poète ose débuter par une situation forte , il se mettra dans la nécessité de soutenir le; ton qu'il auia pris , et soii ouviage y gagnera.

Si le poète a choisi un sujet dont l'avant-scène ne soit pas trop compliquée, l'exposition en sera plus facile et plus claire.

Il est à souhaiter que l'action commence d;ms

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