Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/97

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©K CHAMFORT. 89

en forme de monoiogues: c'est une scène hors d'œuvre, qui, à la \érité, fait bien partie du poème ancien, mais non pas de l'action théâtrale; c'est un discours qui s'adresse aux spectateurs et en leur faveur, ])our les instruire du fond de l'histoire, en attendant l'entrée du chœur, où commence précisément l'action , selon Aristote.

Les deux comiques latins que nos modernes ont imités , ont inséré plusieurs monologues dans presque toutes les comédies que nous en avons; mais comme il y en a quelques-uns qui sont faits à propos, et d'autres contre toute raison , je n'en veux pas faire ici le jugement en détail.

Je dirai seulement ce que j'estime qu'il faut observer pour faire un monologue avec vraisem- blance; et si l'on approuve mes sentimens, l'on pourra juger quels sont les bons et les mauvais, tant chez les anciens que chez les modernes.

Premièrement, il ne faut jamais qu'un acteur fasse un monologue en parlant aux spectateurs, et seulement pour les instruire de quelques cir- constances qu'ils doivent savoir; mais il faut cher- cher, dans la vérité de l'action, quelque raison qui l'ait pu obliger à faire ce discours; autrement c'est un vice dans la représentation , vice que l'on trouve fréquemment dans Plante, et que Té- rence n'a pas entièrement évité.

2° Quand celui qui croit parler seul est enten- du par hasard de quelque autre , pour lors il doit être réputé parler tout bas; d autant qu'il n'est

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