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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/99

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DE CHAlMFORT. 91

blable que Faiitre acteur , qui 1 écoute de loin , ^ puisse entendre les unes comme prononcées tout haut, et par l'effet d'une passion qui éclaterait à diverses reprises , mais non pas les autres , comme étant prononcées tout bas.

Or , pour dire ce qui me semble de cette com- position , il faudrait que l'autre acteur , après la parole prononcée d'une voix fort haute par celui qui ferait ce monologue , dît quelques paroles d'étonnement et de joie , selon le sujet , et qu'il se fâchât de ne pouvoir ouir le reste ; quelquefois même , quand l'acteur qui ferait le monologue retiendrait sa voix , il faudrait que l'autre remar- quât toutes ses actions , comme d'un homme qui révérait profondément et qui serait travaillé d'une violente inquiétude.

Ainsi , peut-être, pourrait-on conserver la vrai- semblance et faire un beau jeu de théâtre ; mais alors , il faudrait éviter de confier ces rôles à ces acteurs présomptueux et ignorans, qui s'imaginent faire tout admirablement , et qui , quoiqu'ils ne sacht^nt rien faire bien , ne prennent conseil c[ue de leur insuffisance. A moins d'avoir des gens aussi dociles que furent autrefois ceux de la nou- velle troupe du Marais , on aurait bien de la peine à faire réussir une scène de cette qualité.

La troisième observation touchant les mono- logues , est de les faire en telle sorte qu'ils aient pu vraisemblablement avoir lieu , sans que la considération de la personne, du lieu, du temps

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