Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/312

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3o6 OEUVRES

mes amis. Mais les femmes sont toujours plus po- lies, plus aimables que les hommes. Au reste, comme on ne scie plus les prophètes , et qu'on ne brûle plus les sorciers, je jouis, en toute sûreté, des honneurs de ma prévoyance. Mais , en vérité , il ne fallait qu'approcher du colosse pour s'aper- cevoir qu'il était creux et pourri, vernissé en de- hors et vermoulu en dedans. Sa chute, pour avoir été trop soudaine, nous mettra dans l'embarras quelque temps : mais nous nous en tirerons.

Je voulais, ces derniers jours , aller causer avec vous , et récapituler les trente ans que nous ve- nons de vivre , en trois semaines. Mais la chaleur accablante d'hier et d'aujourd'hui m'a retenu chez moi. J'irai me dédommager quand le ther- momètre sera descendu de quelques degrés. Il y en a un qui ne descendra pas , c'est celui de l'amitié que je vous ai vouée, l'an cinquantième du rèene de Claude-Louis xv. C'est une fort bonne raison de ne pas douter de mon tendre et respectueux attachement sous son successeur.

P. S. Voulez-vous bien vous charger de tous <:omplimens pour M...., et le prier de rendre le Mercure un peu plus républicain : il n'y a plus que cela qui prenne. Item^ que la Gazette de France soit aussi haussée de plusieurs crans , dans la proportion respectueuse où elle doit être à l'égard du Mercure. Ajoutez , je vous demande en grâce , qu'à ce prix je lui pardonne la pudeur qui a voulu

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