Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/76

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Le lendemain, 17 septembre, nous passâmes devant Schabour. Le 18, à 9 heures du matin, nous fîmes halte à Nader, où des Almèh nous donnèrent un concert vocal et instrumental, suivi des gambades et des chants grotesques habituels aux baladins. À midi et demi, nous étions devant Tharranéh, où je vis des monticules de natron, transportés des lacs qui le produisent. Le soir, nous dépassâmes Mit-Salaméh, triste village assis dans le désert libyque ; et, faute de vent, nous passâmes une partie de la nuit sur la rive verdoyante du Delta, près du village d’Aschmoun. Le 19 au matin, nous vîmes enfin les Pyramides, dont on pouvait déjà apprécier les masses, quoique nous fussions à 8 lieues de distance. À une heure trois quarts, nous arrivâmes au sommet du Delta (Bathn-el-Bakarah, le Ventre-de-la-Vache), à l’endroit même où le fleuve se partage en deux branches, celle de Rosette et celle de Damiette. La vue est magnifique, et la largeur du Nil étonnante. À l’occident, les Pyramides s’élèvent au milieu des palmiers ; une multitude de barques et de bâtiments se croisent dans tous les sens ; à l’orient, le village très-pittoresque de Schoraféh, dans la direction d’Héliopolis : le fond du tableau est occupé par le mont Mokattam, que couronne la citadelle du Caire, et dont la base est cachée par la forêt de minarets