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des chérubins qui figuraient également avec leurs ailes éployées parmi les décorations de l’Arche d’alliance et celles du sanctuaire des enfants d’Israël.

Un nombre très-considérable de tableaux peints sur bois, ou de stèles d’adoration sculptées et de diverses matières, établissent cette combinaison de Phré et d’Atmou[1] en un seul être mystique, et sous le nom composé de Phré-Atmou, c’est-à-dire le Soleil-Atmou. Mais cette image sacrée reçoit quelques modifications, suivant que l’artiste a voulu indiquer dans cette forme complexe la prédominance de l’un ou de l’autre des éléments qui la constituent. Si l’acte d’adoration est plus particulièrement adressé à la forme de Phré qu’à celle d’Atmou, on représente le dieu avec une tête d’épervier surmontée du disque, debout et en mouvement, les jambes séparées[2], et couvert du court vêtement égyptien appelé schenti. Dans le cas contraire[3], d’étroites bandelettes enveloppent le corps entier du dieu, et lui donnent l’apparence d’une momie à tête d’épervier ornée du disque solaire. C’est là en quelque sorte la momie du dieu Phré lui-même. (Voyez notre planche 26 (B), calquée d’après un tableau peint sur bois, du Musée de Turin.)

Cette circonstance très-remarquable nous conduit directement à conclure que le dieu Atmou, considéré sous le rapport cosmologique, n’est autre chose qu’un symbole du Soleil mourant, l’image mystique de l’astre du jour arrivé à la limite occidentale de l’horizon, et entrant dans l’hémisphère inférieur. On sait que les idées occident, nuit, mort et enfer, furent toujours en Égypte, comme en beaucoup d’autres contrées, dans une étroite connexion, et même presque identiques.

L’autorité des monuments confirme pleinement cette conclusion. Il existe dans les musées égyptiens de l’Europe, et en particulier dans ceux de Paris et de Turin, plusieurs tableaux, peints sur bois, contenant des actes d’adoration aux deux formes du Soleil Phré et Atmou. Ces tableaux présentent une disposition toute particulière ; le haut en est occupé par le disque ailé orné d’uræus[4], l’emblème du premier Hermès ou la lumière primitive ; la partie inférieure contient une prière, plus ou moins étendue, adressée aux dieux Phré et Atmou, qui sont représentés séparément dans le milieu du tableau, debout, adossés, et recevant l’un et l’autre les offrandes de l’adorateur, dont l’image est figurée deux fois à cet effet. Phré tient toujours la droite du tableau, la gauche étant toujours réservée

  1. Voyez les variantes d’orthographe de ce nom, pl. 26 (A), no 5.
  2. Tableaux peints des Musées du Vatican, de Turin et de Paris.
  3. Tableaux des Musées de Paris, de Lyon et de Turin.
  4. Voyez nos planches 15 (B) et 15 (C), ainsi que leur explication.