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NÉITH GÉNÉRATRICE.

(physis, athénè, minerve.)
Planche 6 bis

L’image symbolique de Néith, la mère universelle, que nous avons donnée dans une planche précédente[1], présente cet être divin décoré de tous ses attributs ; ses trois têtes diverses, et les pieds de lion servant de support à un corps de forme humaine qui réunit les deux sexes, nous avertissent assez que les Égyptiens ne s’occupèrent jamais à captiver l’œil ni par la recherche ni par la convenance de formes ; leur sculpture et leur peinture sacrées s’attachèrent constamment à parler à l’esprit, et combinèrent les signes sans considérer si l’ensemble qui en résultait fût ou non conforme à la belle nature, qui n’était point, comme chez les Grecs, le but spécial de leur imitation. Ce fait, que tout concourt à démontrer, ne doit point être perdu de vue dans l’étude des monuments figurés de la vieille Égypte.

Ces alliances de portions rapprochées de divers animaux, appartiennent en quelque sorte à la grande écriture sacrée ; et quelque monstrueuses qu’elles paraissent à nos yeux, la main qui les la main qui les traça n’accordait rien au hasard ni au caprice ; elle était constamment guidée par des règles invariables : les formes à donner aux images de chaque divinité de l’Égypte furent fixées dès le commencement même de l’institution religieuse : les représentations propres à chaque dieu sont absolument semblables, et dans les temples élevés sous les rois, dix-neuf cents ans avant notre ère, et dans les édifices sculptés sous les empereurs Antonin, Marc-Aurèle et Commode.

Cette persistance dans les mêmes formes et pendant une si longue série de siècles ne doit nullement surprendre, si nous disons que les livres sacrés de l’Égypte contenaient expressément le détail très-circonstancié des formes sous lesquelles les sculpteurs et les peintres furent tenus de représenter les différentes divinités. C’est en étudiant le grand rituel funéraire, composition très-étendue, dont on trouve des copies plus ou moins com-

  1. Pl. 6 bis.