Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/346

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concevrait difficilement qu’un peuple n’ayant qu’une telle méthode pour transmettre les idées, eût fait dans la civilisation et dans les sciences les grands progrès que l’orgueil des modernes est contraint, pour ainsi dire, d’attribuer à la nation égyptienne.

56. Il existe, il est vrai, à l’extrémité orientale de l’Asie, un peuple qui use, et de toute antiquité, d’un système d’écriture foncièrement idéographique ; et cependant, quoi qu’en aient pu dire certains esprits trop prompts à décider, ce peuple apprend facilement cette écriture, comprend sans effort les textes tracés d’après ses principes, et se contente, encore aujourd’hui, de ce système graphique, qu’il place même au-dessus de tout ce que les autres nations ont pu inventer dans ce genre. Voudrait-on en conclure que les Égyptiens ont pu faire ce qu’ont fait les Chinois, composer une écriture claire, facile, quoique entièrement idéographique et formée, comme celle des Chinois, de signes-images et de signes tropiques !

Il est bien permis, en l’absence des faits, d’avancer une semblable hypothèse ; mais des observations nombreuses démontrent que le système hiéroglyphique égyptien procéda par des moyens fort différens de ceux qu’emploie l’écriture chinoise.

57. Dans les temps les plus reculés, lorsque les Chinois se servaient des caractères primitifs, qui n’étaient que des dessins grossiers d’objets matériels, un texte chinois et un texte égyptien en hiéroglyphes linéaires auraient offert matériellement plusieurs points de res-