Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/14

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communication est trop vaste pour que j’espère en épuiser, d’une seule fois, l’angoissante question. Je veux vous parler de l’existence de l’âme, problème si grandiose qu’il semble dépasser, à prime vue, l’intelligence et la pensée humaines. Aussi le travail dont je vais vous entretenir est plutôt un commencement d’études, un faisceau d’observations dont nous pouvons tirer des enseignements ; mais il faut bien vous garder d’y voir encore une œuvre définitive.

« Au reste, que savons-nous ?

« Dès que nous étudions les manifestations d’un esprit sain, d’une âme, pour mieux dire, nous avons l’impression de nous trouver en face d’un phénomène fluidique, d’une force d’ordre magnétique ou électrique.

« Eh bien ! de même que, depuis longtemps, nous utilisons le magnétisme et l’électricité sans en connaître le véritable pourquoi, de même nous utilisons les forces fluidiques de l’âme, sans rien savoir de précis sur leur origine. Ce sont, pourtant, des forces formidables. Elles n’ont ni poids, ni aspect, ni couleur ; mais, tandis que les unes, emmagasinées dans l’air et le sol, semblent régir le monde, les autres, plus intimes, habitent notre cerveau et commandent nos actes, nos travaux, nos passions.

« Et je ne vois pas pourquoi — alors que nous avons domestiqué l’électricité, asservi le magnétisme — nous ne serions pas les maîtres de notre spiritualité.

« Ceci nous amène, tout naturellement, à la recherche du dédoublement de nous-mêmes, à la décomposition scientifique de notre dualité. Séparer d’une enveloppe corporelle l’âme qui l’habite afin de mieux traiter, étudier cette âme, en changer peut-être les aspirations, n’est-ce pas un but digne de s’imposer à l’idéal d’un homme de science ?

« Déjà, ne l’oublions pas, nos grands hypnotiseurs, Charcot, Luys, pour ne citer que ceux-là, nous ont fait assister à des cas troublants d’extériorisation de l’âme humaine. L’expérience est facile, et je l’ai recommencée moi-même, très souvent, avec ma fille Jeanne, ma colla-