Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/15

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boratrice devenue tellement supérieure que, dans certaines recherches, je deviens presque son élève... »

Quelques membres de l’assemblée se retournèrent, essayant de découvrir, dans le public, la jeune fille dont les travaux étonnaient le monde scientifique. Mais Jeanne Fortin n’assistait pas à la séance.

Le docteur continuait :

« Tel sujet perd conscience de son individualité et devient entre les doigts du maître une machine obéissante et passive. Le sens des choses est interverti, le goût se modifie profondément, le corps est insensible à la souffrance et peut prendre même des positions contraires aux lois de l’équilibre.

« Pourquoi ?

« Parce que l’âme est absente, et il ne reste entre les mains de l’opérateur qu’un automate.

« Ainsi nous en sommes à manier l’âme, fluide subtil, comme l’électricien manie le courant dont il tire l’énergie, la lumière, la chaleur. Et il est possible — c’est le point capital de ma communication, d’ordonner à ce fluide de quitter, pour un temps, l’être qui l’anime, pour animer une autre enveloppe corporelle. Les sujets ne s’en portent pas plus mal, comme je vais avoir l’honneur de le prouver par une expérience publique.

« Ce fluide est emmagasiné dans des circonvolutions de notre cerveau et, comme tout ce qui est en nous, ne se repose jamais. Vous n’avez pas été, messieurs, sans réfléchir à ce monde qui vit de nous, en nous et pour nous. Sans cette activité moléculaire qui est la constituante même de tous les corps, la vie ne pourrait se manifester ; nous nous considérons comme un être, en réalité nous sommes une association d’êtres, auxquels s’ajoutent des éléments chimiques, minéraux, gazeux, et finalement, fluidiques. La nature, après avoir composé un être dont les mouvements mécaniques sont réglés par tout un jeu de muscles, de nerfs et d’os, a donné à tout cela un moteur fluidique,