Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/17

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A ce moment, un remous se fit dans l’assistance. Aussi bien parmi les confrères que parmi le public, beaucoup se demandèrent — connaissant le caractère singulier de Fortin — s’il n’allait pas se livrer à une extravagance. Car ce savant génial mais, pour d’aucuns, un peu hurluberlu, était fort capable d’une excentricité.

Cependant, il avait fait, déjà, tant de communications sensationnelles que celle-ci, à la réflexion, n’était pas plus troublante que les autres. Et, quand on sut que le membre le plus renommé de l’Académie des Sciences allait procéder à une permutation d’âmes, un petit frisson passa dans la chair des « belles madames ». Souriant, l’air d’un pape sardonique, le docteur continuait :

« N’attendez pas, messieurs, que je vous lise le formidable rapport qui traite cette question. Outre que la révélation de ma découverte ne serait pas sans dangers, si je la rendais publique, elle est trop technique et beaucoup trop importante pour que j’en entreprenne la lecture. J’ai fait imprimer un mémoire que je me propose d’offrir à l'A. D. S. (Un mouvement se produisit et Fortin, toujours souriant, expliqua)... à la Déesse : l’Académie Des Sciences !... Mais je crois qu’il est sans inconvénient, par contre de procéder, dès maintenant, à une épreuve qui convaincra les incrédules... Mesdames...

Les membres de l’Académie des Sciences se regardèrent, un peu choqués et inquiets. C’était la première fois qu’un des leurs, au sujet d’une communication, s’adressait directement au public : décidément le docteur Fortin avait juré de ne se refuser aucune liberté.

— Mesdames, reprit-il, je fais appel à votre bonne volonté. Il n’y a, d’ailleurs, aucun danger. Quelle est celle de vous qui veut continuer de parler à ma place, avec mon faible esprit, bien entendu ?...

Un professeur souffla dans l’oreille de son voisin :

— Il s’adresse aux badauds, comme un charlatan, le