Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/18

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lutteur forain, sur une place publique : « A qui le caleçon ? »

Les autres confrères ouvraient de grands yeux, témoignant de leur émoi. Ils ne savaient à quelle manifestation géniale ou à quelle pitrerie ils allaient assister. Ce n’était plus, en tout cas, une séance ordinaire, et ça tournait au spectacle, à la représentation de cirque. Les dames se regardaient, un peu effarées ; aucune cependant ne bougea.

«Très bien, fit le savant. Je serai obligé de me passer de votre bonne volonté.

S’adressant alors à la marquise de Virmile, il fit, en s’inclinant :

— Ce sera donc vous, madame, car vous êtes une de celles que l'on n’accusera point de compérage. Une partie de mon esprit, de ma pensée, je veux dire, dès à présent se glisse dans votre cerveau. Vous êtes, déjà, Fortin et je garde de ma personnalité seulement ce qui est nécessaire pour diriger cette expérience.

La marquise, devenue toute rouge, esquissait un geste de refus. Cependant, tout à coup, à la stupeur du public, elle se leva, prit l’air décidé et un peu machiavélique du docteur Fortin, pendant que celui-ci s’asseyait, la mine attentive.

— C’est prodigieux ! s’exclama-t-on.

— Elle a toute l’allure de Fortin !...

— C’est de la sorcellerie !...

— Chut !... la marquise parle !...

En effet, Mme de Virmile, continuait le discours de Fortin, à l’endroit où celui-ci l’avait laissé :

— L’âme évolue. Fluide mystérieux, elle ne cesse d’exister, sans souci du corps qu’elle habite et anime. Si le corps meurt, elle l’abandonne et cherche une nouvelle enveloppe. Ainsi en est-il de tous les fluides. Un courant électrique est prisonnier dans un long fil de cuivre. Un simple contact, une décharge, libère ce fil conducteur du fluide qui s’échappe dans l’air ou dans la terre. Dans