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LE SATYRE INVISIBLE 297

elle était perdue quand même. Alors, il décidait l’aventure, et il entra résolument dans la chambre de celle qu’il allait outrager ou séduire. Tout de suite, il fut troublé en se sentant dans l’atmosphère de son intimité mystérieuse. Il savait tout de son intelligence, de son cerveau, de son âme, de son cœur ; il ne savait rien de sa féminité. Et il regardait autour de lui ; dans là pièce, les moindres objets, les meubles, les lingeries, espérant trouver un indice qui lui révélerait un coin secret d’elle-même. Mais la chambre était sobre, claire, sans fanfreluches fines, sans dentelles, sans rubans, et pourtant belle, ordonnée avec soin, rieuse, confortable. Ce n’était pas le temple d’une amoureuse, mais ce n’était pas non plus la cellule monacale que l’on eût pu redouter chez une jeune fille vouée aux sciences les plus arides. Le lit de cuivre, aux tons chantants, était vaste. Et Marc Vanel devina que Jeanne, après let durs travaux du laboratoire, aimait à reposer son corps complètement, et le sommeil pour elle, devait être une volupté réconfortante. Le cabinet de toilette l’étonna. C’était une pièce presque aussi vaste que la chambre, admirablement ornée, où des tuyaux nickelés, courant au long des murs blancs, mettaient la note vive de leurs éclats. La baignoire, l’appareil à douches étaient des objets perfectionnés, séduisants de lignes et il aimait leur agencement précieux et les complications amusantes de leur robinetterie. Les vasques de porcelaine nacrée, aux dessins antiques, faisaient songer à une Rome amoureuse d’hygiène et d’eau. Et Marc Vanel comprit que Jeanne devait reposer son corps et son esprit dans ce vaste cabinet de toilette, où la caresse de l’eau froide calmait les inquiétudes de sa chair. Il devina que, chaque soir, elle devait passer de longs instants à redonner à ses muscles la vigueur nécessaire aux durs travaux poursuivis, et il comprit alors, en apercevant aux murs des appareils de gymnastique, pour-