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298 HOMO-DEUS

-quoi son corps était si pur de lignes, pourquoi elle ressemblait à un chef-d’œuvre de la statuaire et pourquoi, dans sa démarche, on sentait une si étonnante souplesse. Il murmura « Quelle créature d’amour admirable ce serait si elle voulait, enfin, s’abandonner… si sa volonté farouche ne défendait plus son corps ! » II se sentait lui-même un athlète robuste, vigoureux et beau. Il évoqua l’étreinte où leurs ardeurs se confondraient, et il pensa : « Quel baiser serait le nôtre ! » Il n’eut que le temps de se coller au mur, dans un coin Jeanne Fortin entrait. L’Invisible, alors, connut la jouissance de contempler un être qui, se croyant seul, se montrait dans l’abandon de ses gestes naturels, de ses goûts, dans la franchise de ses instincts. Il vit Jeanne aller, venir, le front soucieux. A quoi pensait-elle ? Quel problème difficile poursuivait-elle encore ?... A qui allaient ses préoccupations ?.... Mais bientôt, la jeune fille eut un mouvement de la tête qui semblait chasser les efforts de sa pensée, ses yeux brillèrent d’une joie soudaine et son front rayonna. Elle jeta ses vêtements à la diable sur une chaise basse et, en chemise, elle fit jouer les robinets de la douche. L’eau fumante gicla deux ou trois fois, à sa volonté, puis Jeanne se dévêtit complètement, apparut dans la splendeur altière d’une nudité troublante, impeccable. Et Marc Vanel, de tout son être, frissonna. Il n’avait encore jamais vu de créature aussi parfaite, aux formes si pures, si vigoureuses, pleines de muscles, de sang, de vie ! Et les ardeurs brutales de sa passion affluèrent si brusquement à sa peau, à son cerveau, qu’il eut une seconde d’éblouissement après laquelle il faillit s’élancer. Mais il se retint, _ obéissant à la crainte angoissante de l’irréparable. Maintenant, il regardait avidement la resplendissante beauté de Jeanne. Les cheveux serrés dans une sorte de béguin rouge dont la violente couleur tranchait sur la peau blanche du cou, elle se préparait à se doucher. Son