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LE SATYRE INVISIBLE 299

allure avait des souplesses étonnante en disposant les divers objets nécessaires à sa toilette, ou en allant et venant à travers la pièce blanche. Elle s’arrêta devant un sandow accroché au mur, prit les poignées de l’appareil entre ses mains fines et pourtant nerveuses, raidit les extenseurs de caoutchouc et, pendant cinq minutes, affola Marc Vanel par des attitudes insensées, des exercices difficiles, des gymnastiques étourdissantes auxquelles se prêtait son corps assoupli. Mais, ainsi faisant, elle était, sans s’en douter, terriblement impudique, et les gestes et les attitudes combinées pour l’emploi du sandow exécutés debout, en des cambrures audacieuses, ou couchée sur le dos la montraient à Vanel toute, et si complètement que les plus intimes beautés de son corps, le joyau le plus secret, lui étaient offerts en étal luxurieux. Lassée, à présent, une fine sueur mettant des perles à sa chair, elle se dressa toute droite, aspira l’air fortement, et Marc vit palpiter sa gorge ferme, sa gorge de statue, aux seins ronds, pointés durs, dont les fraises semblaient encore, charmeurs, deux boutons de roses piqués sur leur boule de neige. Elle se plaça sous la douche, tira sur une chaînette nickelée, et aussitôt, tomba sur elle une pluie chaude, presque brûlante, qui ruissela sur sa peau, l’enveloppant d’une buée grise au milieu de laquelle son image imprécise, floue, paraissait se fondre comme un mirage du désert. Et Marc, navré de la voir disparaître dans ce brouillard, fit un geste pour se rapprocher de la vision fuyante. Mais elle avait tendu la main, saisi une autre chaîne, et maintenant l’eau coulait plus froide, sans vapeur. Jeanne tirait toujours la chaîne ; à présent l’eau tombait sur elle en pluie glacée et elle se recroquevillait, se raidissait, tendait ses reins à la caresse cinglante, et, sur son corps arqué, bandé sous la violente sensation, de petites cascades de cristal jaillissaient, descendaient du ventre joli sur les