Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
les aspirations

Ils vantaient le soleil de ces bords séduisants
Où tant de cœurs émus battaient pour les absents.
Bien avant dans la nuit ils causaient sous les voiles,
Et, mollement bercés par les flots pleins d’étoiles,
Après que tout causeur dans l’ombre s’était tu,
Ils restaient là pensifs et le front abattu ;
Ils songeaient aux dangers dont l’Arctique fourmille,
Ils revoyaient au loin le seuil de la famille,
Où tout, naguère encore, était calme et serein…
Et des soupirs gonflaient leur poitrine d’airain…
Mais l’aube les voyait joyeux à la manœuvre.

Leur dévoûment était aussi grand que leur œuvre.

Dévoûment inutile ! Hélas ! ils ont grossi
Le nombre des héros qui n’ont pas réussi,
Ils sont morts, en laissant leur tâche inachevée,
Sans pouvoir pénétrer dans la zone rêvée,
Sans atteindre le but splendide et radieux,
Sans qu’une oreille amie ait reçu leurs adieux,
Sous des cieux où l’oiseau n’ouvre jamais son aile,
Au milieu des horreurs de la glace éternelle.