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le petit patriote

Du sombre défile semblait, dans le lointain
Qu’ensanglantaient les feux du soleil du matin,
Un long troupeau de loups en quête de pâture.

Sur un fougueux pur sang, élégante monture
Qui blanchissait le mors d’une écume d’argent,
Colborne, dans le fond de son âme rageant,
Fier, tourné sur l’arçon, une main vers la croupe,
Voltait de gauche à droite aux côtés de sa troupe,
Jetant à tout moment un juron aux traînards.
Souvent, parmi les toits des pauvres campagnards,
Dans des champs que le flot de la neige submerge,
Il en désignait un du bout de sa flamberge,
Et, le marquant ainsi par son geste, jurait
Que, le combat fini, la torche y passerait.
Quelquefois, se dressant vivement sur la selle,
Vers le couchant neigeux il braquait sa jumelle,
Cherchant s’il ne verrait émerger, à travers
Quelques touffes de pins dont les fronts toujours verts
Tranchaient sur la blancheur morne du paysage,
La flèche des clochers du plus proche village,