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les aspirations

Qui maintenant devaient ― dernier appel perdu ―
Jeter au vent les cris du tocsin éperdu.

Tout à coup, au moment où les premières files
Longeaient un grand bosquet d’arbres servant d’asiles,
Durant les jours brûlants, à d’opulents troupeaux,
Le régiment fit halte.

 En avant des drapeaux,
Trois chemins, se croisant sur la neige sans borne,
Venaient d’arrêter là le sinistre Colborne
Qui, décontenancé, sentant son cœur transir,
Pestait de ne savoir quelle route choisir.
Comme un fauve égaré qui chercherait son antre,
Il allait cependant prendre celle du centre,
Quand soudain, entr’ouvrant de lourds rameaux glacés
Qui le cachaient aux yeux des troupiers harassés,
Un petit paysan, à l’œil vif et sagace,
Qui portait en sautoir un long fusil de chasse
Et ne soupçonnait rien de ce qui se passait,
Déboucha d’un hallier où le vent mugissait
Et tomba près du chef de la troupe hésitante.