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le petit patriote


À l’aspect des soldats, l’enfant recule et tente,
Dans un affolement de jeune faon surpris,
De fuir et de rentrer sous les grands ormes gris…
Mais, Colborne, piquant de l’éperon sa bête,
Lui barre le passage et brusquement l’arrête ;
Puis, faisant aussitôt tourner son sabre nu
Sur le front du petit braconnier inconnu
Dont le regard sur lui farouchement s’attache :

— Montre-moi le chemin qui mène à Saint-Eustache,
Clame-t-il en français et d’une voix sans nom
Oh semble tressaillir la clameur du canon.

Pour réponse l’enfant, muet, baissa la tête,
Avec l’air renfrogné de quelqu’un qui s’entête.

— Réponds, petit lourdaud ! réponds, affreux gamin !
Montre-moi le chemin ! montre-moi le chemin…
Ou sinon, foi d’Anglais ! pour punir ton audace,
Je te passe mon sabre à travers la carcasse !