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à crémazie

II

Mais tu parus soudain, fier et noble poète !
De la muse héroïque embouchant la trompette,
Tu te mis à chanter les exploits merveilleux
Accomplis sur nos bords par la Gaule immortelle,
Tu te mis à chanter, les yeux tournés vers elle,
Tout ce monde de gloire où vivaient nos aïeux.

Tu dis, tout enflammé, les combats de nos braves
En des chants à la fois éclatants et suaves,
Et dont toujours les cœurs seront fanatisés ;
Tu dis les dévoûments de ce groupe homérique
Qui cent ans défendit, sur le sol d’Amérique,
La tant vieille bannière aux plis fleurdelisés.

Tu dis avec douleur la douleur des ancêtres
Épuisés par la faim et vendus par des traîtres,
Et ta voix tressaillit d’un indicible émoi,
Quand tu nous rappelas qu’à la cour de Versailles
Un des fiers survivants de nos fières batailles
Avait en vain tenté de parler à son roi.