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À bord de la Bretagne, ce 6 décembre 1909.




De l’occident brumeux, subitement surgi,
Le vent râle, le vent meugle, le vent mugit
À travers l’infini de l’Océan qui bave
Et roule autour de nous plus d’une sombre épave.
Le vent pleure, le vent siffle, le vent rugit,
Et sous ses lourds assauts le vaste flot, rougi
Par le dernier lambeau du soleil qui se couche,
Mêle à ses bruits stridents son bramement farouche.
Un nuage grisâtre émerge à l’horizon,
S’étirant sur le ciel comme une ample toison.
La tempête s’avance, et, battu par la houle
Qui tour à tour bondit, court, s’abat, monte et croule,
Le grand paquebot fend majestueusement
La froide immensité de l’abîme écumant ;