Aller au contenu

Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je mènerois la vie la plus misérable ; je ne pourrois même pourvoir à ma conservation : car si ce que je connois des alimens dont je me suis toujours nourri, ne suffisoit point pour fonder la certitude où je suis que ces alimens ne se convertiront pas tout d’un coup & à propos de rien, en véritables poisons ; comment pourrois-je hazarder d’en manger encore ?

Je suis donc dans l’obligation très raisonnable d’admettre, qu’il est dans la nature un certain ordre constant, sur lequel je puis établir des jugemens, qui sans être des démonstrations, sont d’une telle probabilité qu’elle suffit à mes besoins.

Mes sens me manifestent cet ordre : ma faculté de réfléchir m’en découvre les résultats les plus essentiels.

L’ordre de la nature est donc, à mes yeux, le résultat général des rapports que j’apperçois entre les êtres.

Je regarde ces rapports comme invariables, parce que je ne les ai jamais vu & qu’on ne les a jamais vu varier naturellement.