Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ainsi, le système actuel de la propriété foncière est travaillé par des causes profondes de révolution. Que les socialistes développent les coopératives de consommation ; qu’ils leur proposent comme un de leurs buts les plus importants l’acquisition de vastes domaines ruraux où elles s’approvisionneront en partie ; qu’ils organisent les syndicats de prolétaires ruraux ; qu’ils propagent dans les campagnes l’idée d’un service public d’approvisionnement qui, par les communes et les coopératives, se substituerait à la spéculation des blés, à la grande meunerie, au grand négoce des vins ; qu’ils donnent aux paysans, aux salariés, aux métayers, aux petits propriétaires, la notion exacte du rôle immense que devrait jouer la commune dans la vie économique ; qu’ils rattachent ainsi les besoins des temps nouveaux au souvenir persistant de la propriété communale d’autrefois, primitive et rudimentaire ; qu’ils imprègnent peu à peu d’esprit communal socialiste les municipalités rurales, et la France agricole évoluera d’un mouvement puissant vers un communisme vivant et libre, où le travail sera souverain, où toutes les énergies individuelles se déploieront sans entrave et sans conflit dans l’harmonieuse justice.