Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/365

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et vertigineux ; tantôt, vous jetez un pont sur cet abîme. En ces manœuvres contradictoires se perd peu à peu toute la force vive d’un parti.

J’ai demandé en vertu de quel principe le Parti ouvrier français faisait appel, au second tour, aux républicains radicaux. Comment les discerne-t-il tout à coup dans la mêlée, après avoir déclaré qu’ils sont indiscernables, confondus dans la même armée ennemie ? Et quel titre peut-il invoquer auprès d’eux pour les appeler à lui ? Il leur dit : « Vous êtes républicains et démocrates ; nous sommes républicains et démocrates : vous devez voter pour nous. » Mais les radicaux et républicains bourgeois ne peuvent voter pour des socialistes qu’en faisant abstraction des antagonismes de classe. Ils ne le peuvent qu’en se détachant du bloc réactionnaire. Ils ne le peuvent qu’en proclamant qu’il y a plus d’intérêt pour eux, républicains bourgeois, à voter pour des républicains, même socialistes, que pour des non-républicains, même bourgeois. Les socialistes qui les appellent supposent donc que la masse bourgeoise peut se dissocier. Ils supposent donc que chez une partie au moins des républicains bourgeois l’antagonisme de classe, si puissant qu’il soit, peut être vaincu par des forces d’union, par la solidarité républicaine et démocratique. Ou l’appel du second tour lancé par le Parti ouvrier français