Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/379

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démocratique et socialiste qui partout en Europe s’affirme sans crise de guerre.

A quelles autres guerres extérieures ou civiles pensait Marx ? Sans doute aux guerres qui affranchiraient l’Italie, et qui unifieraient l’Allemagne, que la débile bourgeoisie libérale du parlement de Francfort n’avait pas su lier par la liberté. Peut-être aussi avait-il accueilli la pensée de Engels, qui, voyageant en France après les journées de juin 1848, écrivait dans ses notes de voyage que le socialisme en France ne triompherait que par une guerre civile des ouvriers contre les paysans. Heureusement, il n’en est pas, il n’en sera pas ainsi. La commune de 1871 a été une héroïque lutte des ouvriers républicains et en partie socialistes de Paris contre les ruraux. mais ces ruraux, ce n’étaient pas les petits propriétaires paysans ; c’étaient les hobereaux sortis de leurs gentilhommières. La démocratie des petits propriétaires paysans n’a pas tardé à accepter, à acclamer la république. Ce n’est pas elle qui était engagée dans la bataille. Il n’y a pas de sang entre le socialisme ouvrier et les paysans. Il n’y en aura pas. Et il dépend de nous qu’il n’y ait pas de malentendus, que la démocratie rurale vienne peu à peu au socialisme comme elle est venue à la république. En tout cas, en ce demi-siècle écoulé, à travers les