Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/384

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conséquent l’Église, maintenue comme service public, cessera d’avoir une existence corporative. Elle cessera par conséquent d’avoir une propriété corporative. — Et le domaine d’Église, les milliards de biens fonciers qu’elle détient, n’ayant plus de propriétaires, puisque la corporation possédante est dissoute, feront de droit retour à la nation, sous réserve par celle-ci d’assurer le culte, l’enseignement et l’assistance.

Il est bien vrai que la révolution dut recourir à la force : 14 juillet, 10 août : prise de la Bastille, prise des Tuileries. Mais, qu’on le note bien, la force n’était pas employée à imposer à la nation la volonté d’une minorité. La force était employée au contraire à assurer contre les tentatives factieuses d’une minorité la volonté presque unanime de la nation. Au 14 juillet, c’est contre le coup d’état royal ; au 10 août, c’est contre la trahison royale que marche le peuple de Paris ; et il portait en lui le droit, la volonté de la nation. Ce n’était pas par soumission stupide au fait accompli que toute la France acclamait le 14 juillet, que presque toute la France ratifiait le 10 août. C’est uniquement parce que la force d’une partie du peuple s’était mise au service de la volonté générale trahie par une poignée de privilégiés, de courtisans et de félons. Ainsi le recours à la force ne fut nullement un coup