Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/399

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péril, toute la force de l’empire. Bismarck tombé, l’institution impériale n’avait plus de point d’appui et elle devait fléchir en un régime de transaction où les forces socialistes et populaires se déploieraient jusqu’à pénétrer le pouvoir. Mais Guillaume II, après avoir congédié Bismarck, sut maintenir l’empire avec son caractère autocratique et conservateur, et le parti socialiste demeura à l’état d’opposition violente et irréductible. A quoi bon alors tracer ce programme d’action, de réalisation, en un temps qui restait un temps de combat à outrance, défensif et offensif ? Par là s’explique sans doute que Liebknecht n’ait pas produit à la lumière cette oeuvre si importante, qui révèle tout un grand aspect de sa pensée. Je l’avoue, en lisant ces lignes si nettes, si fortes, je me prenais à regretter qu’elles n’eussent pas été connues du congrès international de Paris de 1900. Il a acclamé avec une sorte de piété la grande mémoire de Liebknecht ; peut-être quelques âpres paroles auraient été adoucies si l’on avait su qu’elles frappaient Liebknecht lui-même.