Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/404

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d’aujourd’hui, d’émousser son instinct de classe. Sur ce point, quand nous voudrons, les uns et les autres, penser clair, il y aura des controverses très étendues. Mais ici encore c’est d’une question de tactique, c’est-à-dire, comme dit Liebknecht, d’une question naturellement controversable qu’il s’agit. Donc toute scission est factice et mauvaise.


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Si Liebknecht dit vrai, si le recours à la force risque d’être contre-révolutionnaire, si nous pouvons et devons l’emporter par la propagande, l’organisation, la pensée claire et le maniement vigoureux de la légalité, il ne suffit pas de répéter le propos de Liebknecht : il faut l’appliquer avec méthode, avec constance. Ceux qui parlent alternativement du bulletin de vote et du fusil, ceux qui, selon la faveur ou la défaveur momentanée du suffrage universel, lui font crédit ou le rebutent, troublent par l’incohérence de leurs impressions la marche du parti.

Ici, je n’accuse pas les autres plus que moi-même. Tous ou presque tous nous avons un grand désordre dans nos idées tactiques, et notre action en est contrariée et affaiblie. Par nos fréquents appels à la légalité républicaine, par notre pratique