Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constante du suffrage universel, nous affaiblissons l’instinct de révolte et la tradition du coup de main du révolutionnarisme classique. Par nos appels intermittents et de pure rhétorique à la force, « au fusil », nous affaiblissons nos prises sur le suffrage universel. Il faudra sans doute prendre un parti et nous demander s’il est utile de marquer de quelques grains de poudre, qui d’ailleurs ne s’enflamment pas, les bulletins que, légalement, nous mettons et nous appelons dans l’urne.

Avons-nous besoin de la majorité, et pouvons-nous la conquérir ? Voilà le problème. Si oui, l’appel à la force devient, en effet, comme dit Liebknecht, contre-révolutionnaire.

Or, Liebknecht dit : oui.

Je traduis encore :


Nous avons fait remarquer enfin que le parti, pour pouvoir réaliser les idées socialistes, doit conquérir le pouvoir indispensable pour cela, et qu’il doit le faire avant tout par la voie de la propagande.

nous avons montré que le nombre de ceux qui sont poussés par leurs intérêts dans les rangs de nos ennemis est si petit qu’il en devient presque négligeable, et que l’immense majorité de ceux qui ont à notre égard une attitude hostile ou au moins peu amicale ne font cela que par ignorance de leur propre situation et de nos efforts, et que nous devons employer toute notre énergie à éclairer cette majorité et à la gagner à nous.


Ainsi, Liebknecht a posé le problème exactement, littéralement, comme je le pose : des moyens de