Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/406

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conquérir à l’entier idéal socialiste l’immense majorité de la nation par la propagande et l’action légale.


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Liebknecht est si préoccupé de trouver un large terrain sur lequel il pourra d’abord assembler presque toute la nation pour l’élever ensuite, de degré en degré, jusqu’à l’entier socialisme, qu’il considère comme une préparation au socialisme même les lois d’assurance proposées par Bismarck. Bien que la loi sur les accidents ne soit à ses yeux qu’une bagatelle, un bibelot de carton, il y voit une reconnaissance première de la pensée socialiste :


Elle contient de façon décisive, dit-il, le principe de la réglementation de la production par l’État en face du système du laissez-faire de l’école de Manchester. Le droit pour l’État de réglementer la production contient le devoir pour l’État de s’intéresser au travail, et le contrôle du travail social par l’État conduit tout droit à l’organisation du travail social par l’État.


Voilà ce que disait Liebknecht de la loi sur les accidents, qui de toutes les lois d’assurance est la plus superficielle, la plus extérieure au travail. Mais combien cela est plus vrai encore de la loi d’assurance sur les pensions de vieillesse et d’invalidité qui crée un droit nouveau de la classe ouvrière, qui constitue au prolétariat un patrimoine