Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/411

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gouvernementale du socialisme avec d’autres fractions de la démocratie, répète pourtant et semble prendre à son compte la phrase simpliste si vigoureusement condamnée par Marx : « Tous les partis ne forment, vis-à-vis du socialisme, qu’une seule masse réactionnaire. » C’est absolument contraire à la pratique même des socialistes allemands, qui ne craignent pas, contre les hobereaux, contre la survivance de la féodalité agraire, de soutenir les bourgeois libéraux. Mais, par l’absolu de cette formule étroite, Liebknecht se faisait pardonner la conception générale, vaste et souple, qu’il apportait.

Il définissait en effet très largement la classe ouvrière :


Le concept de classe ouvrière ne doit pas être entendu trop étroitement. Comme nous l’avons exposé dans la presse, dans les écrits de propagande et à la tribune, nous comprenons dans la classe ouvrière tous ceux qui vivent exclusivement ou principalement du produit de leur travail et qui ne s’enrichissent point par le concours du travail d’autrui.

Ainsi, dans la classe ouvrière doivent être compris, outre les travailleurs salariés, la classe des paysans et cette petite bourgeoisie qui tombe de plus en plus dans le prolétariat — c’est-à-dire tous ceux qui souffrent du système actuel de la grande production.

Quelques-uns prétendent, il est vrai, que le prolétariat des salariés est la seule classe vraiment révolutionnaire et qu’il forme seul l’armée du socialisme — que tout ce qui vient des autres états ou des autres classes doit être