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succès obtenus, sentit grandir sa puissance pour se mouvoir librement dans ses formes, il en vint à recommander au poëte d’être moins craintif et moins embarrassé ; il lui dit en quelque sorte : « Vois ce que je puis ! ne te gêne pas, fie-toi en ma capacité de résoudre en musique les combinaisons dramatiques les plus osées ! » C’est ainsi que le poëte fut entraîné à la suite du musicien ; il eut honte de présenter à son maître un cheval de bois, quand il le savait en état de monter un vrai cheval et de tenir les rênes avec vigueur — les rênes qui devaient guider le cheval dans la carrière aplanie de l’opéra, et sans lesquelles ni musicien, ni poëte n’osaient le monter, de peur que s’élançant par-dessus les barrières il ne retournât dans sa patrie naturelle, sauvage et splendide.

Le poëte gagnait sans doute en importance ; mais il ne faisait que suivre le musicien et ne s’élevait que dans la mesure où celui-ci s’élevait lui-même. Le poëte n’eut à se régler dans la disposition de la matière et même dans le choix du sujet, que sur les possibilités purement musicales que lui indiquait le compositeur ; et en dépit de la gloire qu’il commençait, lui aussi, à récolter, il resta simplement un