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Et cette forme, où se montre-t-elle plus grandiose, plus large et plus élendue que dans mes trois grands opéras parisiens ? Qui oserait dire qu’il a réalisé cette forme plus brillamment et plus énergiquement que je ne l’ai fait moi-même ? »

Il serait difficile de donner à Spontini une réponse qui puisse le confondre ; plus difficile encore de lui prouver que lorsqu’il nous tient pour fous, il est fou lui-même. C’est que dans Spontini c’est la voix honnête et convaincue du musicien qui parle et qui s’exprime ainsi : « Si le musicien doit rester maître du plan de son opéra, il lui est impossible, s’il ne veut pas mettre à jour toute son impuissance, d’aller plus loin que je ne suis allé moi-même. » Cela veut dire involontairement : « Si vous voulez davantage, il faut que vous vous adressiez non au musicien, mais au poëte. »

Mais comment se comporta le poète à l’égard de Spontini et de ses contemporains ? La forme musicale de l’opéra eut beau s’agrandir, la faculté d’expression, contenue en elle, eut beau se développer, la position du poëte ne fut modifiée en rien. Il resta toujours le simple préparateur du canevas qu’il remettait au compositeur. Quand celui-ci, grâce aux