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La nouvelle direction donnée à l’opéra nous est venue d’Italie avec Rossini. Dans ce pays, le poëte était descendu jusqu’au rôle du zéro. Transportée à Paris, cette direction rossinienne modifia encore la situation du poëte. Nous avons déjà fait ressortir les caractères de l’opéra français, et nous avons reconnu que le couplet en était la base. Dans l’opéra-comique français, le poëte avait d’avance assigné au compositeur un champ bien déterminé qu’il devait cultiver pour son propre compte, tandis que la propriété du terrain restait au poëte. Le champ musical s’était peu à peu étendu jusqu’à l’absorption complète du terrain ; mais le poëte continuait à garder le titre du domaine ; le musicien n’était plus qu’un fermier, considérant, il est vrai, le fermage comme un droit héréditaire ; comme jadis dans le Saint-Empire, il rendait hommage à l’empereur, son suzerain. Le poëte prêtait le terrain dont le musicien avait la jouissance.

Cette situation a produit ce que l’opéra, comme genre dramatique, pouvait donner de plus sain. Le poëte s’efforçait de trouver des situations et des caractères, de fournir une pièce amusante et attachante, qu’il n’arrangeait pour le musicien et ses