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tume caractéristique auquel Meyerbeer, par l’entremise de son secrétaire particulier, Scribe, a confié la tâche de chanter aussi bien que possible et de se donner en même temps des airs de communiste, afin d’intéresser le public. Le héros dont nous venons de parler est un pauvre diable qui accepte par faiblesse le rôle d’un imposteur et qui, finalement se repent pitoyablement, non pas d’une erreur, d’un aveuglement fanatique qui eût pu à la rigueur motiver l’apparition du soleil, mais de sa faiblesse et de ses mensonges.

Quel est l’ensemble de considérations qui a pu faire mettre au monde, sous le titre : le Prophète, un sujet si indigne ? C’est ce que nous ne voulons pas examiner ici ; qu’il nous suffise d’en considérer le résultat, suffisamment instructif. Nous voyons d’abord, par cet exemple le complet déshonneur moral et artistique où est tombé le poëte ; de quelques bonnes dispositions qu’on soit animé à son égard, il est impossible de découvrir encore en lui un cheveu qui soit resté sain : l’intention du poëte ne doit plus du tout nous préoccuper ; nous devons, au contraire, nous éloigner d’elle avec répugnance. L’acteur ne nous intéresse plus que comme chanteur costumé,