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n’apparaissant en scène que pour chanter la mélodie dont il a été question plus haut, mélodie qui ne produit d’effet que par elle-même en tant que mélodie.

Il en est de même du soleil, qui ne peut et ne doit être considéré là que comme une imitation réalisée sur le théâtre ; son véritable effet ne vient pas du drame ; il appartient à la mécanique pure, laquelle seule appelle alors l’attention dans ce lever de soleil. Et le compositeur ne serait pas peu effrayé, si on s’avisait de prendre cette apparition pour une transfiguration voulue du héros devenu le défenseur de l’humanité ! Au contraire, il veut et le public aussi, se détourner de pareilles pensées et diriger toute l’attention sur un chef-d’œuvre de la mécanique ! Ainsi, tout l’art de cette scène tant célébrée réside dans ses éléments mécaniques : le côté extérieur de l’art en devient le fond, et ce fond c’est « l’effet » l’effet absolu, l’effet pour l’effet, c’est-à-dire le charme d’un certain chatouillement artificiel, c’est-à-dire l’amour sous la véritable jouissance que donne l’amour[1].

  1. Qu’un rayon du soleil de Meyerbeer ferait de bien à la prose comme à la musique de M. Wagner !
    (Note du traducteur.)