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purement instrumentale, il ne pouvait être trouvé que dans la fantaisie. La description musicale d’un sujet emprunté à la nature ou à la vie humaine fut offerte comme programme aux auditeurs, et on abandonna à leur imagination d’expliquer, conformément à l’indication une fois donnée, toutes les singularités musicales qui se donnaient carrière dans le chaos et dans la confusion, avec un arbitraire sans retenue.

Les musiciens allemands étaient assez rapprochés de l’esprit de Beethoven pour ne pas errer à la suite du malentendu du maître. Ils cherchèrent à échapper aux conséquences de cette manière d’expression, en émoussant les pointes les plus aiguës, en recourant aux vieilles formes, en les combinant avec les nouvelles et en se créant par ce mélange artificiel un style musical pour ainsi dire abstrait, à l’aide duquel on pouvait longtemps encore et honorablement composer. Si Beethoven nous fait le plus souvent l’effet d’un homme qui a quelque chose à dire, mais qui ne sait pas nous l’exprimer clairement, ses successeurs, au contraire, nous produisent l’effet de gens qui nous font savoir d’une manière prolixe et quelquefois charmante qu’ils n’ont rien à nous dire.